cyberpunk·Littérature française·SF

Inner city de Jean-Marc Ligny

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Je suis tombée par hasard sur cet ouvrage dans une librairie au début de l’année. L’intrigue a attisé ma curiosité. De plus, je ne connaissais pas cet auteur qui semblait important dans la SF française. Mon choix a été vite fait.

Je n’étais pas très connaisseuse du cyberpunk malgré quelques lectures dans le genre. Le cyberpunk est un sous-genre de la SF, lié à la dystopie. Il met en scène un futur plutôt pessimiste où la technologie est très avancée. Le livre à ne pas rater dans ce genre est le Neuromancien de William Gibson. Ce dernier est assez influencé par Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick (mieux connu sous le nom de Blade Runner, l’adaptation cinématographique). Ce sont deux classiques de la SF à découvrir.Revenons à Inner city. Le titre renvoie à une expression anglo-américaine. L’inner city est la partie centrale d’une ville, la plus densément peuplée et s’oppose aux outer suburbs. L’auteur utilise ses termes pour désigner les habitants de Paris (Inners) et les habitants de la banlieue (Outers) et ces termes départagent aussi ceux qui ont accès à Maya (Inners) et ceux qui ne l’ont pas (Outers). Avant d’aller plus dans les détails, je vais vous présenter rapidement l’histoire.

L’histoire

Dans un futur assez proche, Paris est devenue une ville fantôme. Tous ses habitants (inners) vivent dans la Haute Réalité grâce à Maya, abandonnant ainsi la Basse Réalité (notre réalité) à des robots et quelques humains. Pour les protéger, une barrière a été construite tout autour de Paris afin d’empêcher les habitants des banlieues (outers) de pénétrer dans la ville. Ces outers sont revenus à un fonctionnement tribal. Voilà pour le cadre.

Tout va bien dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que plusieurs inners se fassent tuer dans Maya. Un fantôme attire des inners dans la Réalité Profonde pour les tuer. Kriss, une jeune femme travaillant pour Mens Sana, doit retrouver ce serial killer. Elle rencontre sur son chemin Hang, un hacker à la recherche de scoop à injecter dans Maya.

Voilà pour l’histoire. Petites précisions : la Haute Réalité est une réalité qui est accessible par Maya, elle donne accès à différents mondes virtuels, la Basse Réalité est notre monde qui est dépeuplé car les gens préfèrent vivre en Haute Réalité et la Réalité Profonde est un abîme virtuel où les inners qui sont allés trop loin s’enlisent.

Avis

L’univers développé est intéressant et riche. Il renvoie à certaines de nos peurs actuels alors que l’ouvrage a été écrit en 1996. Le monde proposé par Ligny laisse peu d’espoir pour le futur et la fin semble le confirmer. Les réalités virtuelles et les guerres ont plongé les gens riches et aisés dans des mondes inexistants et les ont détaché du monde réel. Ils vivent dans des appartements vétustes et ils se laissent parfois mourir de faim. Les magasins n’existent plus, les courses se font en ligne et sont apportées par des robots. Plus personne ne cultive la terre en France. Ligny semble nous mettre en garde contre les dérives des technologies. Nous sommes encore loin de ça mais ce futur nous semble pas si impossible.

J’ai été assez intriguée par la question des outers. Hang est le seul inner en contact avec les outers. Il va chez eux récupérer des scoops qu’ils montrent sur Maya de manière illégale. Il essaye de montrer la réalité de la vie à des gens qui en sont totalement coupés. On ne voit les outers quasiment quand présence de Hang. Ils sont animalisés, ils s’expriment mal. Ils représentent la régression de la civilisation et en même temps son avenir. J’ai un peu du mal avec l’aspect animal mais il permet ici de faire une frontière très nette entre un monde hyper technologique et un autre qui n’a même pas accès à l’électricité. Il représente également les campagnes mais ce sont les habitants sont peu nombreux et même si elles pourraient incarner un certain avenir, l’auteur finit par nous détromper.

Inner city est un bon roman de cyberpunk par contre, je n’ai pas accroché à l’intrigue. Elle sert à la construction de ce monde et à en comprendre les fonctionnements mais c’est le seul intérêt que je lui ai trouvé. Je passe outre certains passages entre Hang et Kriss qui n’ont réellement aucun intérêt pour moi mais c’est mon point de vue.

En tout cas, cette lecture m’a donnée envie de découvrir la première version du livre datant de 1996. J’ai lu la réédition de 2016 et il est stipulé que « cette nouvelle version a été corrigée, remaniée et mise à jour, en tenant compte du développement ultérieur des technologies informatiques et de communication ». J’ai donc envie de la découvrir pour voir les différences entre les deux versions.

Pour conclure

Un bon livre de cyberpunk français à découvrir malgré quelques bémols à mon goût. Il ne faut pas s’attendre à quelque chose de joyeux ou de frais mais dans son genre, Inner city est un très bon bouquin. Il est une vraie critique d’une époque et d’un monde qui à force de vouloir aller plus vite et plus loin se retrouve pris au piège.

Bonne lecture !

Références : LIGNY, Jean-Marc. Inner city. Paris : ActuSF, 2016. 323 pages. 8 €

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